La Pastorale du Monde du Travail

Dans les entreprises économiques, ce sont des personnes qui sont associées entre elles : c’est-à-dire des êtres libres et autonomes, crées à l’image de Dieu… Il faut promouvoir, selon des modalités à déterminer au mieux, la participation active de tous à la gestion des entreprises. - Gaudium et Spes, 68. 1

La Mission

Présence de l’Eglise catholique dans les réalités sociales…

…du travail :

Accorder une attention particulière aux événements qui touchent le monde du travail aujourd’hui et dans l’avenir; évolution des lois (travail, chômage, AVS, AI), projet de société (assurance maternité), contrats de travail, précarisation de l’emploi, perte des acquis sociaux, actions syndicales, exercice des droits de citoyenneté, etc…

…du non-travail :

Prendre en compte et accompagner les souffrances engendrées par la perte d’un emploi ou par les pressions subies sur le lieu de travail. S’engager aux côtés des personnes pour leur permettre de garder une espérance, de garder foi en leur avenir.

La PMT veut promouvoir une “Culture de la solidarité”

ce qui signifie…
Etre présent dans l’histoire actuelle du monde : chômage, non accès au travail, conditions et sens du travail, mondialisation, délocalisation, …
Former et informer : s’engager dans la proposition de la foi, visiter le Vatican, Chapelle Sixtine, Basilique & Place St Pierre et inviter à la conscientisation, permettre aux personnes de devenir sujets et acteurs de leur histoire, être présent dans les médias, sur internet, …
Accompagner les personnes et les groupes : cheminer avec les groupes PMT existants, avec les personnes victimes du travail ou du non-travail, offrir des suivis personnalisés, …

Porter une attention privilégiée aux événements locaux.

Objectifs

La Pastorale du Monde du Travail s’élabore, se constitue à partir de la rencontre avec les personnes concernées par les réalités du travail et du non-travail.

La mission prioritaire de cette pastorale particulière est d’être présente dans les réalités de vie rencontrées. L’objectif est donc de se rendre proche, d’aller vers les travailleurs et les chômeurs pour leur offrir un espace de parole libérateur.

En tant que service d’Eglise, la PMT cherche à donner une espérance, au nom de la Bonne Nouvelle du Christ, aux personnes en souffrance dans leurs conditions de travailleurs avec ou sans travail.

Si la PMT ne peut se contenter de dénoncer les injustices du monde du travail, il n’en demeure pas moins qu’elle est appelée à rendre compte dans la société et dans l’Eglise de ce que vivent les travailleurs. Avec eux et en leur nom, la PMT est responsable d’informer de la dégradation des conditions de travail en vue de sensibiliser l’opinion publique à cette problématique.

Il s’agit donc d’inventer des démarches pastorales adéquates pour que le questionnement éthique de la PMT, dont l’intention demeure d’humaniser le monde du travail, soit transmis et entendu dans la société et en Eglise.

La PMT veut être attentive à ce qui se passe dans les organisations civiles du monde du travail. Notamment en allant sur les lieux où des événements se produisent qui conditionnent le monde du travail actuel et futur.

Pour améliorer son partenariat la PMT favorise le travail en réseau avec les organisations du monde du travail d’une part et, d’autre part à l’interne de l’Eglise aussi en lien avec les communautés chrétiennes.

La Charte

Extrait de la charte de la Pmt romande :

Origines et perspectives

La PMT s’enracine dans une longue expérience de dialogue et de solidarité avec le monde du travail et ses organisations, de même qu’avec l’Eglise et ses tentatives de présence et d’engagement dans ce vaste milieu de l’emploi (et du non-emploi) professionnel.

Elle est née à l’initiative de quelques personnes, prêtres et laïcs sensibles à ces réalités dans leurs globalités. Il s’agit d’offrir largement un service d’Eglise auprès du monde du travail en impliquant davantage les communautés chrétiennes locales dans les démarches à entreprendre au nom de l’Evangile.

Avec ses différents partenaires, la PMT se propose :

Le Responsable


Jean-Louis Cretin : Grand Rue 110 - 2720 Tramelan
+41 77 460 91 48 - jean-louis.cretin@eglisetravail.ch

Les Partenaires



Madame Gilberte Dominé gilberte.domine@bluewin.ch
Ayant atteint l’âge de la retraite, j’ai envie de continuer de mettre à disposition de la PMT, et par elle, des travailleurs et des chômeurs, les connaissances que j’ai eu la chance de pouvoir acquérir lors des mes diverses activités professionnelles. Il est très important que les chômeurs et les travailleurs soient informés de leurs droits.



Abbé Canisius Oberson curecathstaubin@hispeed.ch

Les vraies causes du chômage chez les jeunes

Qu’une part importante des jeunes soit sans emploi est très révélateur de la désorganisation du monde du travail et de la perte de sens de notre société.

Le monde du travail n’est plus pensé et organisé pour permettre à chacun de trouver sa place et de subvenir à ses besoins ainsi qu’à ceux de ces proches. La logique est pour un petit nombre de gagner un maximum et pour d’autres de survivre tant bien que mal, en espérant ne pas être mis de côté.

Dans notre pays, nous ne manquons pas de travail à effectuer, ni de ressources. Simplement, il s’agit de partager et de redistribuer les richesses pour financer des emplois.

Il est indécent de voir quelques personnes recevoir des salaires gigantesques et faramineux. Combien de places de travail et d’apprentissage pourraient être créées, si ces personnes réduisaient leurs trains de vie ? De même, quand on privilégie la rétribution des actions au lieu de favoriser les emplois et la recherche !

On s’inquiète de l’obésité qui se développe chez les enfants et les jeunes. Et si ils n’étaient qu’un reflet de la “boulimie économique” de certains qui veulent s’accaparer tout le gâteau ?

De plus, c’est souvent les mêmes milieux qui désirent réduire au maximum les impôts et le rôle de l’Etat et des pouvoirs publics. Maintenant, même des administrations publiques ne gardent pas des jeunes à la fin de l’apprentissage, sous la pression des économies à faire !

Le sens de la vie n’est pas dans l’accaparement de richesse, dans la consommation à outrance par un petit nombre en laissant de côté un nombre considérable d’hommes et de femmes, en particulier les jeunes. Il est dans les rencontres, les différentes formes d’expressions, la découverte d’autres cultures, dans un certain épanouissement au travail, dans les amitiés, l’amour. La personne humaine est faite pour la rencontre, la relation avec d’autres, avec la nature, avec le tout Autre.

Une société qui promet que la croissance, le progrès matériel et la consommation aux jeunes et en plus sans leur donner une place de travail est bien malade, voire suicidaire.

Ainsi, il serait prioritaire d’arrêter de faire tout un débat sur la dépénalisation du cannabis ou pas. Les problèmes sont bien plus profonds : pourquoi tant de jeunes, et d’adultes d’ailleurs consomment-ils ce produit, comme bien d’autres en excès ?

Il serait plus judicieux aux milieux qui veulent protéger la jeunesse de s’engager à ne pas libéraliser à outrance, à permettre des délocalisations qui précarisent des populations, à ne pas accepter des salaires et des gains faramineux ¨!

Les causes du chômage des jeunes, comme des autres groupes, ne se trouvent pas que dans un manque de formation, des systèmes scolaires déficients, ou la présence plus forte de migrants comme veulent nous le faire croire certains partis.

L’enjeu central est le partage des richesses pour permettre à chacun et chacune d’apporter sa contribution à la société. Le maintien de l’Etat et des impôts, voir leur augmentation, sont nécessaires.

Cela s’accompagne également d’un autre projet de société qui débute par un certain renoncement à la consommation et un développement local qui couvre les divers besoins et désirs. La Suisse qui est en train de développer surtout un marché du travail dans le tertiaire et les services, pour délocaliser le reste, n’offre aucun avenir à sa jeunesse et contribue à une catastrophe écologique mondiale.

Devant cet immense défi à relever pour permettre aux enfants et jeunes, chacun peut y apporter sa contribution et exercer sa responsabilité.

Michel Racloz

Aide à la recherche de places d’apprentissage et d’emploi pour les jeunes…

La problématique du non-accès au travail des jeunes interpelle vivement la PMT. Que ce soit la difficulté pour les jeunes quittant la scolarité obligatoire et cherchant des places d’apprentissage où pour d’autres, l’impossibilité d’accéder à un travail rémunéré dans l’industrie ou les services. La spécificité de la PMT n’est pas de fournir De l’aide particulière dans ces situations. Toutefois, nous mettons en lien ci-après quelques sites qui peuvent soutenir les recherches des jeunes.

Par ailleurs, vous trouverez le point de vue de la PMT sur cette problématique en lisant l’article « Les vraies causes du chômage des jeunes ».

ET SI ON PARLAIT DU TRAVAIL ?

SOCIOLOGIE : Le travail s’est éclipsé du débat social à mesure que l’emploi l’envahissait. Il n’est plus question d’avoir de bonnes conditions de travail, mais d’obtenir ou de conserver un emploi…

Le travail est fait pour l’homme…
… la dignité de l’être humain ne peut être soumise aux “lois du marché”.



Les conditions de travail actuelles, tout comme la précarisation du non-emploi, influent fortement la vie de la société et celle de l’Eglise aussi.

La PMT veut être un partenaire des communautés paroissiales et ecclésiales pour leur permettre de mieux prendre en compte la vie des travailleurs et des chômeurs.

Ici comme partout ailleurs, l’économie mondialisée offre des opportunités de gains démesurés tout en générant un flot de victimes grandissant.

La PMT, au nom de l’éthique chrétienne s’engage à dénoncer ce qui doit l’être et prend le parti des personnes fragilisées pour les soutenir et défendre leur dignité humaine.

Dialogue social et travail décent dans une Europe élargie

45 délégués engagés dans la pastorale ouvrière de 9 pays d’Europe se sont retrouvés à Mainz (Allemagne) du 11 au 15 février 2009 pour une colloque sur le thème : Dialogue social et travail décent dans une Europe élargie. Ce colloque était organisé par le Groupe Européen de pastorale ouvrière avec le soutient de l’EZA et de l’Union Européenne.

Le travail décent, un rêve des travailleurs… !

Du travail qui nourrit au travail qui détruit.

Jusqu’où les médecins accepteront-ils de passer sous silence les maladies générées par le travail et qui coûtent chers à la société ?

Le journal tenu par le docteur Dorothée Ramaut, de juin 2000 à mars 2006, est un témoignage unique. Il relate, au jour le jour, de l’intérieur, la vie d’une grande surface et décrit les souffrances subies par ses salariés au nom d’un mode de gestion impitoyable, qui les détruit l’un après l’autre sous prétexte d’ascension sociale puis les rejette, lorsque, épuisés ou révoltés, ils ne peuvent plus le supporter. Jadis, les entreprises licenciaient, aujourd’hui, elles torturent moralement les indésirables pour les pousser à la démission – en réalité, à la maladie. Le docteur Ramaut, scandalisée par ces méthodes qu’elle juge « contraires aux droits de l’homme », et dont elle a failli, elle-même, être victime après avoir tenté de les combattre, est le premier médecin du travail à rompre la loi du silence.

Ce récit met à nu un problème de société qui nous concerne tous. L’impact économique de la santé, de la sécurité et des maltraitances au travail coûterait à la France entre 45 et 70 milliards d’euros par an.

Dorothée Ramaut Journal d’un médecin du travail Témoignage
La souffrance au travail
ISBN n° 2 74910 744 X
176 pages 11,5 x 19
France (2006)

Burnout : épuisement professionnel


Un premier livre spécifique à l’épuisement professionnel en milieu de soins. Extrait :
Une fois n’est pas coutume, j’ai voulu commencer ma promenade critique par les dernières phrases du livre. Je les ai attendues tellement longtemps qu’il me paraît important de vous les livrer d’emblée. Non, ce livre n’est pas un outil pour les directions. Le burn-out (qui n’est pas exactement traduit par épuisement professionnel) n’est pas uniquement une pathologie individuelle, il renvoie également à l’organisation du travail et à la façon dont les équipes sont managées. " Face à des soignants qui travaillent dans des conditions de plus en plus difficiles, qui s’épuisent jusqu’à n’en plus pouvoir, n’y a-t-il pas une provocation des pouvoirs publics à prétendre développer une politique fondée sur l’amélioration de la qualité des soins, quand les préoccupations quotidiennes des décideurs, orientées prioritairement vers la maîtrise des dépenses de santé, portent atteinte en permanence à cette qualité ? "


Ayala M. Pines, Elliot Aronson,
Ditsa Kafry
Le Burnout, comment ne pas se vider dans la vie au travail
Actualisation, Le Jour Editeur


Didier Truchot
Epuisement professionnel et burnout, Concepts – modèles – interventions
Sociale, Dunod

Mon témoignage : Travailleurs mis " sous pression "

Tout d’abord, je vous plante le décor : Une grande entreprise allemande, fabriquant des composants pour automobiles, établie en Suisse. Une direction française, voire alsacienne; 132 personnes employées dans les divers secteurs, dont 124 frontaliers et 8 Suisses ! 80 personnes sont engagées et 52 intérimaires. Proximité oblige, nous formons un morceau d’Europe.

Et au milieu de cette diversité, la doyenne de l’usine : Juliette, 62 ans, veuve, ouvrière polyvalente, contrôleuse, soudeuse, opératrice sur tous les postes où il manque quelqu’un, parfois infirmière et assistante sociale occasionnelle, représentante du personnel faisant le lien entre l’entreprise et le syndicat ouvrier, poseuse d’affiches agrées et, j’en suis fière, " élément positif " voire boute-en-train de mon secteur.

Je vous relate brièvement cette petite scène qui se passe hors du travail, c’est-à-dire durant mes loisirs ou plus simplement dit, en faisant un marathon entre la boulangerie, la station d’essence et le bureau de poste ! Ce petit dialogue hors boulot dépeint ce qui se passe au boulot :

Traduit au quotidien, il faut tenir le coup, surtout de pas tomber malade. Un méchant virus pourrait vous clouer au lit 3 jours, et là, tout votre secteur de travail s’apercevrait cruellement de votre efficacité ; mais attention, vous pourriez alors être victime de ce fléau à multiples facettes qui porte un nom plein de subtilité : “la restructuration”. Cherchez pas, c’est un nouveau mot qui, à lui seul, remplirait un dictionnaire !

Mais c’est un mot tellement souple, élastique… Tiens, il me fait penser au pyjama Babygro que portaient mes bébés, celui qui grandissait avec l’enfant ! C’est un mot extensible, qui s’adapte à toute forme de situation. Il permet d’annoncer de méchantes nouvelles en les emballant d’un papier-cadeau ; donc, plus jamais vous ne serez “viré”, même congédié ou licencié crûment, vous êtes malheureusement victime de restructuration.

Par bonheur pour moi, grâce à une santé robuste et un moral positif, je me sens malgré mon âge, plus appréciée que tolérée dans mon milieu de travail, ce qui me donne une certaine assurance ; mais comment ferais-je si j’étais plus jeune avec une famille et des enfants en bas âge ? Pas de doute, je perdrais mon emploi.

De plus en plus, la vie privée, la famille, les loisirs passent au second plan. Un rendez-vous chez le médecin, le dentiste, le garagiste ? Souvent, il doit être annulé ou déplacé parce que votre chef a modifié le planning changé la rotation des équipes.

Il faut rentrer dans un cadre bien défini pour garder son emploi :
Etre disponible, performant et rentable
Ne pas exiger une hausse de salaire
Ne pas être trop jeune : vous manquez d’expérience
Ne pas être trop vieux : vous coûtez cher
Ne jamais refuser de travailler le samedi, car c’est jour ouvrable. Quant au dimanche… j’ai honte d’en parler…
Ne pas se plaindre d’une charge trop lourde, d’une position contraignante qui vous provoque un mal de dos, d’un mouvement répétitif qui vous blesse la main, d’un excès de chaleur dégagé par une machine
Toutes ces doléances provoqueraient un changement de poste, et il ne se trouve pas loin de la porte de sortie…

Toutes ces contraintes provoquent des humeurs agressives de collègues fatigués, stressés. Et personne n’ose ouvertement se joindre à un mouvement de solidarité, car les bruits courent, en sourdine, et vous chuchotent :
… ils ont dit que si on n’était pas content, l’usine irait s’établir enTchéquie…
… ceux qui ne sont pas d’accord de venir samedi et dimanche, ils seront éjectés…
… les évaluations n’auront pas lieu, de toute façon, il n’est pas question d’augmentation…
… on est obligé de venir le 24 décembre, “tous les frontaliers ont accepté”…

Les nécessités économiques créent un sentiment d’angoisse ; la peur de perdre son emploi pousse les ouvriers à des réactions agressives, égoïstes, individualistes, racistes même. Toute forme de solidarité devient alors impossible dans un tel climat et c’est ce qui me rend triste et désabusée, bien qu’ayant toujours en moi ce sursaut de dignité, parfois de révolte.

Jeune, trop jeune peut-être, j’avais lu pour la première fois Germinal d’Emile Zola, œuvre traitant de façon très réaliste les conditions de vie dans la mine, et ce roman m’avait profondément marquée au point que j’y pense souvent quand des situations similaires se présentent autour de moi. Ne soyez pas choqués ! Car aujourd’hui, je constate que les lieux et les moyens de produire sont différents, que les ouvriers ont obtenu, à force de lutte, des acquis sociaux indéniables, que les femmes, petit à petit, seront bientôt considérées comme égales, je le souhaite… mais sincèrement, je crois que l ‘être humain n’a pas changé. Et c’est à ce niveau-là que nous devons œuvrer.

Juliette

Questions de sens

Etre sans emploi, ce n’est pas seulement l’absence d’un travail qui est difficile. C’est aussi une période qui touche la personne dans son identité profonde et dans l’absence d’une reconnaissance sociale. Cette personne a besoin de pouvoir trouver sur son chemin, quelqu’un qui la soutienne humainement et spirituellement dans cette épreuve. Afin qu’elle puisse peu à peu retrouver dignité et reconnaissance.

Chômeur, je suis un travailleur découragé

Je suis sans emploi depuis sept ans et, vu mon âge, je n’espère plus en avoir. On appelle cela un « travailleur découragé », c’est-à-dire un travailleur qui a cessé de chercher activement du travail. La définition n’est pas de moi. Depuis quelques années, dans les statistiques sur le chômage aux Etats-Unis, au Canada et dans l’Union européenne, on tend à tenir compte de cette frange de la population active parce que le phénomène n’est pas négligeable.

En effet, après cinq années de recherches d’emplois infructueuses avec les sempiternelles réponses, « nous avons le regret de …, nous vous formulons nos vœux de réussite pour… » et les humiliations dans les agences de placement où le chercheur d’emploi est reçu le plus souvent comme un malpropre et tout cela sous la bienveillante supervision de l’Office régional de placement, j’ai jeté l’éponge. J’ai fait acte de candidature pour tous les emplois licites que je me savais capable d’occuper, manœuvre, marmiton, aide-cuisinier, professeur et j’en passe, sans succès.

Bref, de guerre lasse, j’ai tout lâché, y compris l’ORP qui ne m’était d’aucun secours avec ses différents cours Prorot et je ne sais quoi, pour me débrouiller comme je peux de façon honnête. Ainsi, il m’arrive d’avoir quelquefois des petits boulots qui me font gagner quelques centaines de francs que je ne déclare pas au fisc (le travail au noir n’est pas seulement le fait des clandestins).

Entre deux petits boulots que j’effectue, il peut s’écouler plusieurs mois pendant lesquels je ne sors pas de chez moi, à tourner comme un lion en cage, à broyer les idées les plus noires qui soient jusqu’à penser que le suicide est la solution ou m’armer d’un fusil et descendre tous ces politiciens, ces économistes qui passent le temps à raconter des âneries sur des choses qu’ils n’ont jamais vécues et à plâtrer des jambes de bois. Si je ne l’ai pas fait, c’est que contrairement à d’autres qui sont dans mon cas, j’ai une famille et des amis qui me soutiennent.

Je suis marié et ai deux enfants qui vont à l’école. Mon épouse travaille et nous vivons tous les quatre de ce qu’elle gagne. Mais, il faut considérer deux choses : d’une part, j’ai reçu une éducation selon laquelle c’est l’homme qui pourvoit aux besoins de la famille et même si j’accepte maintenant que cela soit autrement, je n’accepte pas de ne pas apporter ma contribution aux dépenses familiales et, d’autre part, mes enfants voient à l’école que leurs camarades reçoivent de leurs parents des gadgets et s’ils comprennent que je ne peux leur offrir la même chose, compte tenu de ma situation (qui obère la leur), je m’efforce quand je gagne un peu d’argent de leur offrir un petit cadeau.

Un chômeur en fin de droit vivant à Fribourg,
Article paru dans La Liberté du 2 février 2005

L’économie globalisée génère un flot de victimes.

Sans chercher à diaboliser la mondialisation en la rendant coupable de tous les maux, force est de constater qu’une économie globalisée dans le monde entier provoque à la fois une capacité décuplée à générer des richesses tout autant que d’inombrables formes de pauvretés. Ainsi s’accroît un fossé grandissant entre une infime partie de population de plus en plus aisée et une masse chaque jour plus nombreuse de personnes fragilisées, marginalisées, refoulées à un état de non-droits (chômeurs en fin de droits, personnes à l’assistance, sdf et autres personnes rendues malades par leur travail ou leur non-emploi).

En avouant humblement ne pouvoir remédier à cette problématique, nous souhaitons offrir notre aide aux personnes affaiblies par ce système. Les liens ci-dessous pourront peut-être apporter quelques soutiens…

Chômage - emploi

Constat :

Le marché de l’emploi est particulièrement difficile (fusions, délocalisations, restructurations, modernisation de l’appareil de production)
Le taux de chômage (statistique du seco) ne tient pas compte de toutes les situations (personnes en emplois temporaires, personnes sous contrat mais sans emploi « exemple de swisscom », fins de droit)

Message à faire passer :

La notion de « chômeur » a changé. Tous les secteurs sont concernés, tous les échelons hiérarchiques, personnes formées et non formées. Le chômeur est victime de la situation économique et n’est très souvent pas responsable de sa situation. Ne pas culpabiliser ! Se donner le droit d’être au chômage dans une carrière de 40 ans !

Réflexion :

Considérer la période de chômage comme une période propice au changement. Une période de réflexion, de formation et de relance professionnelle.

Comportement :

Conseils :

Chômeurs mieux que personnes pouvez témoigner de ce que vivez…

« On fait des trous partout »

Licenciement – On n’entend plus que ça.
"Pour faire des économies, licencions", qu’ils disent. Tiens donc !

Une personne licenciée a deux possibilités : a) elle retrouve du travail, et c’est très, très bien (à part qu’elle prend la place que quelqu’un d’autre aurait prise) ; b) elle ne retrouve plus de travail. Dans cette hypothèse, elle a deux possibilités : a) elle touche le chômage, et c’est très, très bien (à part qu’elle contribue à vider la caisse-chômage) ; b) elle est sans ressource.

Dans ce dernier cas, elle a deux possibilités : a) elle obtient l’aide des services sociaux, et c’est très, très bien (à part qu’elle contribue à les plonger dans le rouge) ; b) elle n’obtient pas d’aide. Alors elle a ici deux possibilités : a) elle fait un hold-up, et c’est très, très bien (à part que ça va augmenter les coûts de justice et police) ; b) elle va planter sa tente dans le jardin du voisin.

Si ça se passe ainsi, le voisin a deux possibilités : a) il fait une dépression et c’est très, très bien (à part que ça va augmenter les coûts de la santé) ; b) il tabasse l’occupant (et ça va augmenter les statistiques de la violence et les coûts pour lutter contre). De toute façon, tout ça, c’est très, très bien, car pour une personne sans emploi – qui paiera moins d’impôts – cela fait au moins quatre personnes (elle et ses proches) qui consommeront moins. Les restaurants pourront fermer, la construction aussi, les diverses entreprises idem. Ainsi, de non-dépense en non-dépense, on sera bientôt dispensé de travailler.

Farces et attrapes, c’est très, très bien ! Car ce sera bien une fois au tour des politiciens de passer à la trappe : licencier, ce n’est pas faire des économies, c’est faire des trous dans l’économie. Et à force de faire des trous, on finit par tomber dedans.

Huguette et Jean-Pierre Ryser, Murist
Article paru dans la page Forum du quotidien « La Liberté » Le 25 juin 2005

En “fin de droits”, marginalisée, je suis morte

Je tiens à soutenir l’intervention de Monsieur Vifian qui, au Parlement Jurassien, a fait écho à une étude sur les ORP en Suisse, laquelle tend à démontrer les dysfonctionnements de ces offices. Je déplore la réponse du Gouvernement qui prétend que «l’ORP-Jura remplit sa mission de placement rapide et durable de manière performante». Ou le Gouvernement est mal informé, ou il se voile la face !

Cette réponse ne correspond pas du tout à la réalité que j’ai expérimentée. Chômeuse, l’ORP ne m’a rien apporté durant les deux années où j’aurais dû bénéficier de son soutien. Entendre dire que «l’ORP remplit sa mission» est pour moi un tissu de mensonges. A moins de nuancer ces propos en osant dire combien de chômeurs, quel pourcentage de ceux-ci est laissé pour compte ? De dire aussi pourquoi certains chômeurs sont avantagés ? L’ORP n’a-t-il pas la même mission à remplir pour tous les chômeurs, indistinctement ?

Pour ma part, je dénonce haut et fort l’absence « d’égalité de traitement » des chômeurs par l’ORP. J’ai le sentiment d’avoir été bafouée. Ma dignité de travailleuse n’a pas été respectée dans les différents programmes (temporaires PET, d’occupation POC) que j’ai traversés en gagnant des salaires dérisoires.

Aujourd’hui, je me retrouve en FIN DE DROITS ! Trois mots qui semblent anodins tant qu’on ne les vit pas. Je me sens complètement marginalisée, repoussée aux frontières de la société, je perds une partie de mon identité, je ne fais plus partie des statistiques, donc, je suis morte. Ma non-existence est la seule issue que l’ORP m’ait offerte. Mais comment vivre en étant mort ? A présent je n’ai plus aucun statut : ni chômeuse, ni salariée, qui, quoi alors ?

Comment s’occupe-t-on des personnes en fin de droits ? Comment vivent-elles au quotidien leur situation désespérée ? Là, il n’y a plus personne pour en parler, les lettres aussi sont mortes !

Voilà des tas de questions qui restent sans réponse !

Quand vous avez fait deux cents offres de travail et que vous vous êtes confrontée à autant de réponses négatives, le courage vous abandonne, la déprime monte, les amis baissent et vous restez seule face à la réalité. Voilà pourquoi, par respect et solidarité avec les personnes qui sont dans la même situation que moi, ou pire encore, je ne pouvais taire cette injustice bien trop lourde à porter seule !

Nicole Hurni, Rochefort 5, Vicques
Article paru dans le courrier des lecteurs Le Quotidien Jurassien, du 7 avril 2005

Manques dans le système de la sécurité sociale : un témoignage de l’injustice ressentie

J’ai été licencié après 31 ans de service dans une entreprise de la région de l’ouest lausannois, j’avais 61 ans. J’ai donc eu droit à 640 jours d’indemnités par l’assurance chômage, soit deux ans et demi.

Je me suis inscrit à l’Office régional de placement (ORP). Durant toute cette période, j’ai fait les démarches de recherche d’emploi demandées. Je me suis souvent retrouvé sans réponse. Mon âge étant certainement une des raisons principales de l’impossibilité de retrouver un travail salarié. Heureusement pour ma dignité et le sens de ma vie, j’ai pu aider diverses associations et personnes en faisant du bénévolat social.

Au mois d’août 2006, je suis arrivé en fin de droit du chômage. Mon dossier à l’ORP a été clôturé le 29 août 2006.

Après renseignement, j’ai appris que je n’avais pas droit au Revenu Minimum d’Insertion, vu l’état de ma fortune et que mon épouse travaille. Je dois prendre sur mes économies pour vivre pendant les 6 mois qui précèdent ma retraite anticipée le 1er mars 2007.

Je trouve cela injuste et je suis révolté. Après avoir travaillé mon épouse et moi-même pendant 40 ans dans ce Pays et nous obliger à prendre sur ce que l’on a mis de coté pour nos vieux jours, bravo la Suisse un des pays soi-disant les plus riches du monde.

On prend une pré-retraite par obligation avec les inconvénients que cela comporte et en plus, on nous pénalise. Pourquoi n’y a-t-il pas un système de prise en charge de la part de l’Etat pour compenser les 6 mois qui me restaient pour toucher ma pré-retraite ? Pourquoi est-ce toujours la classe moyenne qui doit encaisser ?

Je dois également signaler une lettre que j’ai reçue de la part du syndicat UNIA suite à ma démission au 31 décembre 2006. J’ai fait partie de ce syndicat pendant 39 années. J’ai toujours payé régulièrement mes cotisations. Suite à ma démission il me rappelle que mes cotisations sont dues jusqu’à la fin de l’année. Je trouve cela petit de sa part. On aurait pu attendre de sa part un petit mot plus aimable. Une fois de plus l’argent avant tout.

Ce témoignage a été recueilli durant le mois d’octobre 2006 par M. Racloz

Commentaire de Michel Racloz

Nous nous permettons et devons porter à votre connaissance ce témoignage d’un citoyen de ce pays dans la soixantaine qui réside dans l’ouest lausannois.

Ce bref récit de vie met bien en évidence ce qui arrive à une personne licenciée à quelques années de la retraite, des difficultés rencontrées et surtout « du trou » dans le filet de la sécurité sociale entre l’assurance chômage et la pré-retraite.

Certes, il y a l’aide sociale. Mais, dans le canton de Vaud, les conditions d’accès sont devenues très sévères, pour ne pas dire plus !!!

Nous connaissons personnellement cette personne. Elle n’est pas du genre « abuseur », contrairement à ce que certains milieux répandent comme préjugés et opinions par rapport aux bénéficiaires de la sécurité sociale, qui exercent simplement leurs droits. Elle fait cette démarche pour que d’autres ne vivent pas cette situation.

Nous pensons qu’il faut entendre des prises de parole tel que ceci et puis agir.

Les votations du 24 septembre dernier ont révélé toutes les peurs, les angoisses, les sentiments d’injustice dans la population.

Cette personne qui témoigne aurait pu, avec tout ce qu’elle a vécu, se replier sur elle-même. Mais, elle a su garder son cœur ouvert aux autres. Chapeau !Combien d’autres ne le font pas et certainement pour de réelles souffrances liés aux déséquilibres sociaux – économiques et au non partage des richesses tant à l’intérieur de notre pays qu’entre le Nord et le Sud.

A la trappe !

« On fait des trous partout » - Licenciement – On n’entend plus que ça. « Pour faire des économies, licencions », qu’ils disent. Tiens donc !

Une personne licenciée a deux possibilités : a) elle retrouve du travail, et c’est très, très bien (à part qu’elle prend la place que quelqu’un d’autre aurait prise) ; b) elle ne retrouve plus de travail. Dans cette hypothèse, elle a deux possibilités : a) elle touche le chômage, et c’est très, très bien (à part qu’elle contribue à vider la caisse-chômage) ; b) elle est sans ressource.

Dans ce dernier cas, elle a deux possibilités : a) elle obtient l’aide des services sociaux, et c’est très, très bien (à part qu’elle contribue à les plonger dans le rouge) ; b) elle n’obtient pas d’aide. Alors elle a ici deux possibilités : a) elle fait un hold-up, et c’est très, très bien (à part que ça va augmenter les coûts de justice et police) ; b) elle va planter sa tente dans le jardin du voisin.

Si ça se passe ainsi, le voisin a deux possibilités : a) il fait une dépression et c’est très, très bien (à part que ça va augmenter les coûts de la santé) ; b) il tabasse l’occupant (et ça va augmenter les statistiques de la violence et les coûts pour lutter contre). De toute façon, tout ça, c’est très, très bien, car pour une personne sans emploi – qui paiera moins d’impôts – cela fait au moins quatre personnes (elle et ses proches) qui consommeront moins. Les restaurants pourront fermer, la construction aussi, les diverses entreprises idem. Ainsi, de non-dépense en non-dépense, on sera bientôt dispensé de travailler.

Farces et attrapes, c’est très, très bien ! Car ce sera bien une fois au tour des politiciens de passer à la trappe : licencier, ce n’est pas faire des économies, c’est faire des trous dans l’économie. Et à force de faire des trous, on finit par tomber dedans.

Huguette et Jean-Pierre Ryser, Murist
Article paru dans la page Forum du quotidien « La Liberté », le 25 juin 2005

Acteurs de fraternité, révélateur de dignité

À toi qui cherches quelle est ta place dans la société,
Avec un travail, un toit, pour simplement exister.
Si tu deviens conscient du besoin d’agir et d’être,
Tu viens de découvrir où se joue la dignité de tout ton être.

Les chemins vers l’emploi, ou pour un toit, sont luttes pour la vie.
Avec tes vrais amis, ensemble, longuement, faites jaillir ce cris.
Dans nos sociétés si souvent dominées par l’économie de marché,
L’efficacité économique, à elle seule, ne peut tout solutionner.

Moi, tout simplement, je voudrais te parler de la dignité,
De la tienne, comme de celle des autres, des sans-papiers.
Avec tous ces oubliés de notre société de consommation,
Tu peux ouvrir, aujourd’hui, de véritables chemins de libération.

Car, sur ces sentiers étroits, je crois que tu peux t’y risquer,
Et avec eux, parler et agir, ainsi permettre aux opprimés
De reconstruire leur identité, en révélant leurs richesses cachées,
Construisant ensemble, jour après jour, un temps pour espérer.

Alain Michaudin Témoignages ACO, n° 507, 04.2006

Actions

La Pastorale du Monde du Travail s’élabore, se constitue à partir de la rencontre avec les personnes concernées par les réalités du travail et du non-travail, elle propose :

Commentaire biblique : “La parabole des talents”

Matthieu 25, 14-30

Il y a, dans la parabole des talents, des phrases fortes qui résonnent particulièrement quand nous les mettons en lien avec les réalités du monde du travail et du non-travail.

Qui est cet homme riche qui distribue ses talents d’une valeur conséquente à ses serviteurs avant son départ en voyage ? Et qui, lorsqu’il revient, juge ses serviteurs sur ce que ceux-ci ont été capable de faire rapporter ces sommes. Le passage se termine en disant : « à celui qui a on donnera davantage, à celui qui n’a pas on enlèvera ce qu’il a »… A première lecture cela semble cruellement injuste. En serait-il ainsi de Dieu ?

Permettez-moi de ne pas me mettre à la place de Dieu, je n’ai aucune idée de ce sur quoi il jugera la grandeur de notre vie lorsque nous nous retrouverons face à face avec lui. Par contre, ce passage biblique est bel et bien une bonne nouvelle pour notre monde à l’économie mondialisée ; chez nous, les uns reçoivent beaucoup et d’autres ne se voient même plus attribuer le minimum vital. Pourtant, ce sont parfois ceux qui ont le moins qui ont la capacité de donner le plus et ceux qui ont beaucoup jouissent parfois égoïstement de leurs biens.

Je n’ai pas l’intention de polémiquer sur les mégas-salaires des top-managers, pas plus que sur l’indécence de l’assistante publique. Je voudrais simplement nous rendre attentif à l’appel contenu dans ces paroles prononcées par le Fils de Dieu et qui nous permettent de faire un rapprochement avec nos propres talents.

Prenons quelques instants pour mémoriser quelques uns de nos dons…

Etrangement, nous sommes toujours plus enclin à percevoir nos défauts que nos talents. Première vérité de notre monde. Pourtant des talents nous en avons tous reçus, et peut-être, par peur de les perdre, les avons-nous enfouis et les voilà déjà presque oubliés.

Jésus nous dit : vos talents, faites-les fructifier ; vous avez reçu la générosité, soyez généreux. Vous savez prendre la parole, parlez ! Vous n’acceptez pas l’injustice, crier la justice ! Vous êtes aimé, donner de l’amour. Vous êtes bricoleurs, apprenez à d’autres à bricoler, etc…

Celui qui a, qu’il donne ! Nous dit Jésus et Mère Thérèsa après lui ajouta : « celui qui donne avec joie donne davantage ! » Voici à la fois l’appel et la devise de cette bonne nouvelle pour notre monde : donnons avec joie. Pas ce que nous rêvons de posséder à prix d’argent, mais ce que nous avons reçu en humanité.

Alors que la pub, les médias et les princes de la consommation nous font croire qu’il faut acheter pour être heureux. Que pour acheter il faut gagner. Pour gagner il faut se battre et, quand on se bat, forcément il y a des victimes…

Oui, le monde du gain et de l’achat génère des victimes.

Dans cet Evangile Jésus ne nous parle pas de talents achetés à prix de labeurs et de placements financiers. Il nous parle de talents reçus que nous sommes invités à faire fructifier. Et quand Dieu nous demande des comptes il ne regarde pas tant ce que nous avons reçu, mais bien davantage ce que nous avons été capable d’en faire profiter.

Un des drame dans lequel sombre l’occident post-industriel c’est le constat amer que nous faisons si souvent : « avant tout allait bien, maintenant tout fou l’camp ». La peur de perdre les derniers privilèges acquis âprement durant les formidables années de boum industriel réduit chacun à se replier sur soi. Croyant ainsi se protéger en se désolidarisant du monde qui l’entoure les travailleurs deviennent de plus en plus vulnérables ; par peur de perdre son emploi l’ouvrier se tait : « je ne dis rien, on ne me reprochera rien, d’autres seront licenciés avant moi… ». Par difficultés de « boucler leurs mois », combien de familles se murent derrière la honte ? A se sentir coupables de ne plus avoir de travail, combien de chômeurs sombrent dans l’oubli ?

Et voilà que les princes de la consommation mondialisée gagnent leur combat. S’il y a des victimes, il faut les exclure au plus vite de toute prestation sociale, le train ainsi alléger de ses wagons les moins rentables pourra rouler d’autant plus vite sur les rails des bénéfices.

« Stop ! » Nous dit Jésus ; il n’est pas question de coter en bourse des talents perçus, il s’agit pour chacun de faire fructifier les dons reçus. Cela nécessite de sortir de soi, de partir à la rencontre, de croire en soi et de croire surtout que, ce qui m’a été donné, si j’en fais profiter d’autres, alors, le Royaume de Dieu grandit en moi et autour de moi : tu as cette capacité de te mettre à l’écoute de tes semblables, par cette écoute tu leur rends leur dignité, ton talent fructifie le monde. Tu sais mettre de l’ambiance là où tu vis, le monde profite avec joie de tes talents. Tu mènes ton entreprise équitablement, des hommes et des femmes bénéficient directement de tes talents…

Par ce commentaire de la parabole des talents, je viens de vous donner l’essentiel de ce que cherche à faire vivre la Pastorale Monde du Travail en Suisse romande.

Primo, nous refusons de nous laisser embarquer corps et âme dans une doctrine ultra-libérale prônant une globalisation ayant pour unique objectif la multiplication des gains des plus riches. Contre ce credo-là, nous invitons les gens à résister en utilisant simplement les talents qu’ils ont reçus. Pour cela, des petites équipes de PMT se réunissent où chacun vient avec ses préoccupations quotidiennes de travailleur ou de chômeur. Donnant ainsi un espace de liberté à leur parole, des hommes et des femmes reprennent goût à la vie. Avec ces personnes nous prenons soin de leurs talents. Nous leur disons combien leur vie a du sens malgré les obstacles du chômage, du stress, du harcèlement, des mauvaises conditions de travail. Quand leur talent reprend de la valeur alors ils se remettent debout et redeviennent capables d’affronter la réalité de cette vie où les journées sont, pour beaucoup, de véritables batailles.

Secundo, au nom de notre foi, nous continuons de proclamer à chaque occasion, que le travail est une œuvre noble que Dieu nous a confiée. Le travail n’est pas la conséquence d’une faute commise par l’homme qui le réduit à l’esclavage. Le travail est le don de Dieu à l’humanité pour faire fructifier la terre, pour donner à chaque être humain d’accéder à sa dignité, à sa liberté et à son épanouissement personnel. Aujourd’hui, force est de constater qu’ici, le travail est de moins en moins libérateur. Dans ce contexte, nous tentons, avec nos faibles moyens de prendre position et d’inviter occasionnellement des personnes à venir affirmer avec nous que le travail est fait pour l’homme et non l’inverse. Dans ce sens, lorsque des travailleurs se mobilisent pour défendre leur dignité, nous tentons de nous joindre à eux pour les soutenir. La Pastorale Monde du Travail exprime donc bien cette volonté d’une Eglise qui se veut proche des femmes et des hommes d’aujourd’hui, qui toutes et tous, ont des talents qui n’attendent qu’à fructifier.

jcm, 02.2005

Médiation

A méditer tout de suite : “Prends le temps”


Prends le temps d’aimer,
C’est le secret de l’éternelle jeunesse !

Prends le temps de lire,
C’est la source du savoir !

Prends le temps d’écouter,
C’est la force de l’intelligence !

Prends le temps de penser,
C’est la clef de la réussite !

Prends le temps de jouer,
C’est la fraîcheur de l’enfance !

Prends le temps de rêver,
C’est un souffle de bonheur !

Prends le temps de rire,
C’est la musique de l’âme !

Prends le temps de pleurer,
C’est l’émotion d’un grand cœur !

Prends le temps de vivre,
Car le temps passe vite

Et ne revient jamais !

(Anonyme)
Témoignage ACO
N° 510, 09-10.2006

Credo des travailleurs (D’Afrique du Sud)


Je crois, Seigneur, que de ton esprit fertile est né ce monde tout entier, et que de ta main d’artiste toute la beauté a fleuri.
Je crois en Toi, architecte, ingénieur, ouvrier et charpentier, maçon et bâtisseur, créateur d’esprit, de musique et de chant, de pluies et de vents, de paix et d’amour.
Je crois en Toi, Toi Christ ouvrier, lumière de lumière et Fils unique de Dieu, qui, pour le salut du monde, a pris chair du sein de Marie.
Je crois que tu as été fouetté, torturé avec dérision, martyrisé sur la Croix, quand Pilate était gouverneur, lui qui a cru gommer son erreur en se lavant les mains.
Je crois en Toi, Ami, Esprit vivifiant du Christ ouvrier, conquérant de la mort. Tu as engendré par son sacrifice démesuré une nouvelle humanité à libérer. Tu ressuscites en chaque bras qui se tend, en chaque mot prononcé pour la défense de ton peuple contre l’exploitation tyrannique.
Car Tu es vivant à la ferme, à l’usine, à l’école, au bureau, à l’atelier.
Je crois en Ton incessant combat, en Ta force et Ton infini pouvoir de résurrection.

Je crois à ces forces d’aimer…

Je crois à toutes ces énergies nouvelles pour favoriser le dialogue enfants, parents et enseignants. Quel espoir quand des gens se mettent ensemble pendant des mois pour regarder dans la même direction !

Je crois à ces forces d’aimer qui brisent les frontières, amènent à se rencontrer, à agir ensemble dans le respect de la diversité des langues, des cultures.

Je crois en Dieu Père qui appelle les hommes à la fraternité. Son bonheur, c’est le bonheur de l’homme, c’est l’homme vivant.

Je crois en Jésus Christ donnant l’exemple de l’écoute des plus petits, des plus fragiles, des laissés pour compte. Pour lui, il ne peut être question d’exclus de l’amour, de l’espoir.

Je crois en l’Esprit Saint. Il est présent aux hommes et aux femmes de temps. Il inspire et soutient toutes les initiatives qui créent de la solidarité, qui permettent la rencontre et l’action de ceux qui servent une grande fraternité.

Je crois en cette capacité des hommes à faire ce monde meilleur malgré les obstacles d’aujourd’hui. La vie continue de rester la plus forte, et toute action, si petite soit-elle, permet de garder espoir.

Equipe ACO de Faverges
in « Témoignages ACO – les idées en mouvement », n° 497

Deux minutes pour la Boillat…

Ce texte a été créée en avril 2006 pour soutenir dans la prière les travailleurs de la Boillat à Reconvilier. Vous trouverez ci-dessous une série de textes courts qui gardent toute leur actualité. Faites-en l’usage que vous souhaitez. Après en avoir lu un, peut-être vous accorderez-vous encore une minute pour méditer ces quelques phrases. Nous vous souhaitons d’heureuses et lumineuses minutes de méditation.

Médit’1 - La Grève


Ils étaient de dizaines, des milliers. Le corps gelé par le froid, l’esprit pétrifié d’effroi, le coeur serré de craintes. Des mots, des gestes, des regards venaient réchauffer la place comme la soupe et les saucisses. Mais la faim est ailleurs, elle ne crie pas famine, mais : JUSTICE ! Qui sont-ils ceux qui sacrifient des vies de labeurs sur le rond-dos de leur porte-feuille ? La richesse a-t-elle partout ce goût amer de la défaite ? A la fin qui l’emportera ? Camarades votre force c’est votre dignité et là vous mettez la dragée haute à ceux qui se croient cotés en bourse…

Médit’2 - Psaume 1

Heureux l’homme qui ne suit pas le conseil des impies, ni dans la voie des égarés ne s’arrête, ni au siège des rieurs ne s’assied, mais se plaît dans la loi du Seigneur, mais murmure sa loi jour et nuit ! Il est comme un arbre planté auprès d’un cours d’eau; celui-là portera fruit en son temps et jamais son feuillage ne sèche; tout ce qu’il fait réussit.
Dieu, entend celles et ceux qui ont soif de justice…

Médit’3 - Esprit Saint


Viens Esprit Saint, en nos coeurs et envoie du haut du ciel un rayon de lumière. Viens en nous, père des pauvres, viens, lumière de nos coeurs. Consolateur souverain, hôte très doux de nos âmes, adoucissante fraîcheur. Dans le labeur, le repos; dans la fièvre, la fraîcheur; dans les pleurs, le réconfort. Ô lumière bienheureuse, viens remplir jusqu’à l’intime le coeur de tous tes fidèles.
Que l’Esprit de Lumière éclaire la souffrance de ceux qui peinent !

Médit’4 - “Nada te turbe”

Que rien ne te trouble, que rien ne t’effraie, en Dieu tu ne manques de rien… Paroles interpellantes : “Et si je perds mon boulot… je ne manque de rien ? Arrêtez de déconner !!!” Comment faire pour s’abandonner en un Dieu qui n’intervient pas ? Ce chant méditatif de Taizé est une invitation à se laisser porter par Celui qui nous dit, souvent à contre-courant : “ta vie a un sens, les événements qui t’arrivent n’ont rien à voir avec le hasard, Moi je te porte dans ton épreuve et je te promets la Vie…”

Médit’5 - Jérémie

Il y a des jours où je me dis : le Bon Dieu, il s’en fout !.. Passe encore d’accuser les possédants qui ne veulent rien lâcher, les présidents qui ne veulent rien changer, et même, les militants qui baissent les bras ! Mais Dieu ? Serait-il, lui aussi, indifférents ? Jérémie, il y a 2600 ans écrivait à ses amis, déportés en terre d’exil. Ils avaient tout perdu. “Ainsi parle notre Dieu : Moi, je sais les projets que j’ai formés à votre sujet, projets de prospérité et non de malheur. Je vais vous donner un avenir et une espérance.”

Médit’6 - Le Christ à la manif…


Texte de Philippe Charmillot paru dans le Quotidien Jurassien. Et si vraiment Dieu c’était glissé dans la manif ? “Tout ce que vous avez fait à l’un de ces petits qui sont les miens, c’est à moi que vous l’avez fait…”

Acteur de fraternité, Révélateur de dignité
À toi qui cherches quelle est ta place dans la société,
Avec un travail, un toit, pour simplement exister.
Si tu deviens conscient du besoin d’agir et d’être,
Tu viens de découvrir où se joue la dignité de tout ton être.

Les chemins vers l’emploi, ou pour un toit, sont luttes pour la vie.
Avec tes vrais amis, ensemble, longuement, faites jaillir ce cris.
Dans nos sociétés si souvent dominées par l’économie de marché,
L’efficacité économique, à elle seule, ne peut tout solutionner.

Moi, tout simplement, je voudrais te parler de la dignité,
De la tienne, comme de celle des autres, des sans-papiers.
Avec tous ces oubliés de notre société de consommation,
Tu peux ouvrir, aujourd’hui, de véritables chemins de libération.

Car, sur ces sentiers étroits, je crois que tu peux t’y risquer,
Et avec eux, parler et agir, ainsi permettre aux opprimés
De reconstruire leur identité, en révélant leurs richesses cachées,
Construisant ensemble, jour après jour, un temps pour espérer.